Lucien Bonaparte
- Frère de Napoléon -



Dates : 21 mai 1775 - 29 juin 1840
Titres : Prince de Canino, Prince de Musignano
Situation : Deuxième frère de Napoléon
Signature :
Qu'en pense Napoléon ?
“Lucien, que son second mariage et une fausse direction de caractère privèrent sans doute d'une couronne, ennoblit son opposition et ses différends en venant, au retour de l'île d'Elbe, se jeter dans [mes bras] dans un moment où il était loin de considérer ses affaires comme assurées. Lucien eut une jeunesse orageuse; dès l'âge de quinze ans, il fut mené en France par M. de Sémonville qui en fit un révolutionnaire zêlé et un clubiste ardent.” - Mémorial de Sainte-Hélène
La vieille maison familiale des Buonaparte, à Ajaccio, voit la naissance de tous les enfants de Charles-Marie Buonaparte et Letizia Ramolino. Parmi eux, Lucien, né le 21 mai 1775 et donc le plus vieux de la fratrie après Joseph et Napoléon. Comme son grand-frère, on le prépare à faire carrière dans l'armée royale : il étudie à Autun puis à Brienne (tout comme Napoléon, qui fréquente un temps l'école en même temps que lui). Mais il ne marche pas sur les traces de son futur empereur de frère car le métier des armes n'est pas fait pour lui et il y renonce rapidement.
Considéré comme le plus vif et le plus brillant des frères de Napoléon, Lucien est pourtant à l'origine de l'expulsion de sa famille de Corse en juin 1793, du fait des relations de plus en plus tendues du clan avec les Paolistes. Alors que Napoléon monte les échelons de la hiérarchie militaire, Lucien, devenu fervent révolutionnaire, ne veut plus être désigné que sous le nom de "Brutus" qui, d'après les jacobins, fut le "sauveur de la République romaine" (il assassina son père adoptif César en 44 avant Jésus-Christ). Lorsque Napoléon est proposé au commandement militaire de Paris, Lucien, ami d'Augustin Robespierre dit "Le jeune", l'encourage à accepter. Son conseil ne sera pas suivi, et heureusement pour le jeune général... Peu après, Augustin et Maximilien Robespierre périssent sous la lame de la guillotine tandis que les deux frères Bonaparte sont brièvement emprisonnés pour "Robespierrisme", chacun de son côté : Napoléon à Antibes et Lucien à Aix.

Les cinq ans du Directoire voient Lucien sous un jour plus favorable : il parvient à être élu au Conseil des Cinq-Cents en 1798. En réalité, il n'a pas encore atteint l'âge minimum mais, acte de naissance de Napoléon légèrement trafiqué à l'appui, il parvient à se faire accepter. D'abord député de la Corse, il est président du Conseil lorsque son frère rentre d'Egypte et qu'il organise son coup d'état du 18 Brumaire . C'est Lucien qui sauve la manoeuvre, en exaltant les troupes de Murat et Lefebvre : son frère agit pour la France, ce sont les députés des Cinq-Cents qui sont hors-la-loi. L'astuce fonctionne; en récompense, il devient ministre de l'Intérieur du Consulat (24 décembre 1799).

Il quitte son ministère en novembre 1800 pour être envoyé à Madrid en qualité d'ambassadeur. Il y fait preuve de sens diplomatique en reserrant les liens entre la France et l'Espagne, et en concluant une alliance dont les deux pays profiteront jusqu'en 1807.
Entretemps, il est élu à l'académie française. Mais ses rapports avec Napoléon vont en se dégradant : les intrigues de Fouché (les deux hommes se détestent) amènent à la rupture pour de bon des deux frères. Lucien se réfugie chez son ami le pape Pie VII, qu'il connaît depuis la signature du Concordat en 1801 et pour qui il éprouve une estime réciproque. C'est d'ailleurs le pape et non pas Napoléon qui le nomme Prince de Canino en 1808. Il est donc le seul de ses frères à ne pas devoir ses titres de noblesse à l'Empereur. Celui-ci tente pourtant d'arranger les relations familiales : en 1807, il avait convié son frère Lucien à Mantoue pour envisager une réconciliation mais l'entrevue s'était soldée par un échec.

En 1810, Rome et les états du pape sont rattachés à l'Empire Français. Le prince de Canino craint les troupes françaises et s'embarque pour les Etats-Unis, mais les Anglais l'interceptent sur le chemin et l'emprisonnent à Thorngrove, en Grande-Bretagne. Libéré en 1814 à la chute de l'Empire, et par conséquent au retour de la paix entre les deux côtés de la Manche, il rentre à Rome en mai et commence à y rédiger ses Mémoires.

Le retour de l'île d'Elbe voit enfin la réconciliation de Lucien et Napoléon : le prince de Canino se précipite à Paris lorsqu'il est mis au courant du "Vol de l'Aigle". Couvert d'honneurs, il ne participe pas aux opérations militaires et ne suit pas l'Empereur à Waterloo comme le fait son frère Jérôme. Après le 18 juin, il encourage son frère à poursuivre la guerre malgré sa défaite mais une nouvelle fois, son avis ne sera pas écouté (judicieusement, nous disent les historiens). Il plaide ensuite la cause de l'Aiglon avec les derniers fidèles de l'Empereur. En vain...
Lucien tente alors de quitter la France sous un faux nom, mais ne parvient pas à déjouer les barrages autrichiens. Arrêté et reconduit à Turin puis chez lui à Canino pour y être incarcéré, il finit par être relâché à la mort de son frère en 1821. Il se rapproche à nouveau de la papauté, incarnée à partir de 1823 par Léon XII, qui le fait prince de Musignano le 21 mars 1824. A l'issue de cette nomination, il rejoint sa mère à Rome et meurt le 29 juin 1840 à Viterbe, en Italie.
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