René Savary
- Général d'Empire -



Dates : 26 avril 1774 - 2 juin 1833 (Marcq - Paris)
Titre : Duc de Rovigo
Fonctions : Général d'Empire; Ministre de la Police de 1810 à 1814
Signature (au nom du Duc de Rovigo) :





Qu'en pense Napoléon ?
"Savary est un homme très bon pour les opérations secondaires, mais qui n'a pas assez d'expérience et de calcul pour être à la tête d'une si grande machine. Il n'entend rien à [la guerre d'Espagne]."
"Il ne faut pas laisser entrevoir à Savary l’opinion que j’ai de son incapacité. Du reste, c'est un homme d'énergie, de zèle et d'exécution, qu'il vous sera utile d'avoir."- Lettre à Joseph, 18 juillet 1808
Fidèle parmi les fidèles de l'Empereur, Savary est plus connu pour son rôle dans l'exécution du Duc d'Enghien et ses agissements au sein de la police que pour ses faits d'armes militaires.
Né le 26 avril 1774 à Marcq, Réné Savary étudie au collège royal de Saint-Louis à Metz de 1783 à 1789. En 1790, alors qu'il n'a que dix-sept ans, il rejoint les armées révolutionnaires et obtient la fonction d'aide de camp auprès du général Ferino - un futur sénateur de l'Empire et pair de France sous la Restauration. De 1792 à 1797, il combat sur le Rhin sous Pichegru et Moreau avant d'être placé sous les ordres de Bonaparte au sein de l'Armée d'Egypte, en qualité d'aide de camp du général Desaix. Lorsque Napoléon rentre en France pour prendre le pouvoir en 1799, il n'emmène avec lui qu'une poignée de privilégiés. Ni Desaix ni Savary n'en font partie et ne rentrent en France qu'en mai 1800, juste à temps pour prendre part à la traversée des Alpes avec Bonaparte entretemps devenu Premier Consul. Le 14 juin 1800, alors que celui-ci, aux prises avec le général Mélas à Marengo, croit voir la victoire lui échapper, Desaix survient sur le champ de bataille et transforme une quasi-défaite en victoire éclatante. Mais le héros de la conquête de la Haute-Egypte est frappé d'une balle en plein coeur. Il revient à Savary de rapporter la nouvelle au "petit caporal" qui se l'attache à son tour comme aide de camp. Napoléon se rend bientôt compte qu'il peut placer sa confiance - et bientôt son affection - en ce subordonné qui lui obéit au doigt et à l'oeil.
En 1801, le colonel Savary est nommé chef de la gendarmerie d'élite chargée de la sécurité du Premier Consul. Général de Brigade le 29 août 1803, il est envoyé en mission successivement en Bretagne, en Vendée et en Normandie pour mettre fin aux agissements de Georges Cadoudal et ses complices royalistes qui complotent contre Bonaparte. En mars 1804, Savary joue un rôle important dans l'affaire du Duc d'Enghien en commandant le peloton d'exécution. Exécution dont il porte la majeure responsabilité et dont, malgré une idée largement répandue, Napoléon n'a pas donné l'ordre explicite.



Nommé général de division en 1805, Savary a repris ses fonctions d'aide de camp de l'Empereur pour la Campagne d'Autriche et est envoyé auprès d'Alexandre Ier pour négocier la paix. Ces négociations sont en réalité feintes : tout cela fait partie du plan de Napoléon pour triompher des armées coalisés. Celles-ci ne s'en rendront compte qu'après leur écrasante défaite à Austerlitz... L'année suivante, à la tête d'une brigade de cavalerie légère, il est chargé de poursuivre les Prussiens après Iéna où il a combattu en première ligne. Il remplace ensuite Lannes à la tête du Vème corps - ce qui place les futurs maréchaux Oudinot et Suchet sous ses ordres - et bat le Russe Essen à Ostrolenka le 16 février 1807. L'armée française s'en tire avec seulement 60 morts à déplorer, contre plus de 1 000 pour l'ennemi.
Grand-Croix de la Légion d'Honneur, il participe à la bataille de Friedland et est nommé ambassadeur en Russie après Tilsit. Un poste qu'il n'occupera que jusqu'en janvier 1808, car très mal vu par les Russes qui lui reprochent son implication dans l'affaire du Duc d'Enghien en 1804. Caulaincourt le remplacera auprès du Tsar. Envoyé rencontré le Roi d'Espagne Charles IV en avril afin de le conduire à Bayonne, Savary est nommé Duc de Rovigo en mai. Napoléon l'envoie ensuite à Madrid où il lui confie les pleins pouvoirs en attendant l'arrivée de Joseph dans son nouveau royaume. La même année, il assiste à la conférence d'Erfurt aux côtés de l'Empereur et combat en Autriche en 1809.
En juin 1810, le ministre de la police Fouché, qui a entamé des négociations avec l'Angleterre sans l'accord de l'Empereur, est renvoyé. Savary, déjà ennemi personnel du Duc d'Otrante, lui succède. La nouvelle est très mal accueillie par l'opinion publique qui, affaire du Duc d'Enghien à l'appui, a dans l'idée que l'Empereur ne fait appel au Duc de Rovigo qu'en cas de péril d'envergure. "Je crois que la nouvelle d'une peste n'aurait pas plus effrayé que mon entrée au ministère", dira le principal intéressé... Le Duc d'Otrante n'a d'ailleurs qu'une confiance limitée en son successeur : il fera brûler de nombreux documents avant son départ. Dans les années qui suivirent, Savary se montrera en effet un bien piètre policier. Il échoue à prévoir la tentative de coup d'état du général Malet qui, en octobre 1812, manquera de s'emparer du pouvoir en annonçant la mort de l'Empereur en Russie. Savary connaît une première - mais brève - disgrâce suite à cette affaire où il a été arrêté par les conspirateurs et enfermé en prison...
Viennent la Campagne d'Allemagne et celle de France puis la première abdication. Le Duc de Rovigo s'y distingue par sa loyauté sans failles envers l'Empereur. Il se retire dans la campagne avant de se précipiter à sa rencontre au retour de l'île d'Elbe, et obtient la fonction d'Inspecteur Général de la Gendarmerie pendant que son rival Fouché récupère son portefeuille de la Police. Après Waterloo, il insiste pour suivre l'Empereur mais les troupes anglaises l'arrêtent à bord du Bellérophon et l'emprisonnent à Malte. Pauvre Savary qui, après avoir perdu son Inspection, son Empereur et sa liberté, allait voir sa propre maison récupérée par Fouché pour y loger Blücher...



Au bout de sept mois de captivité, il parvient à s'évader et à rejoindre la ville turque de Smyrne, le retour en France lui étant interdit sous peine de mort. Pour tenter d'annuler cette décision prise par les ultraroyalistes, il se rend en Autriche en 1817 mais, arrêté à nouveau, il rentre à Smyrne en juin 1818. Il est finalement autorisé à séjourner en France en 1819 à l'issue d'un conseil de guerre et rentre en grâces. En 1830, Louis-Philippe, Roi des Français depuis peu, le nomme commandant des forces d'occupation en Algérie où, tout en essayant d'oeuvrer pour la population en bâtissant des écoles, il commet quelques exactions. Rentré en France, le Duc de Rovigo rend l'âme peu de temps après, le 2 juin 1833.
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