La bataille de la Somosierra




Date : 30 novembre 1808
Belligérants : Grande Armée (11 000 hommes et 12 canons) - Espagne (10 000 hommes, 16 canons)
Généraux : Napoléon Ier - Général San Juan
Vainqueur : Napoléon Ier
Pertes : 300 côté français - 600 côté espagnol

Résumé : Pour atteindre Madrid, Napoléon doit franchir le col de la Somosierra, barré par les troupes espagnoles du général San Juan. Pour les déloger de leurs positions, l'Empereur lance ses cavaliers polonais à l'assaut des lignes espagnoles. Avec bravoure et malgré les nombreuses pertes, ceux-ci traversent les défenses ennemies et mettent en déroute l'armée de San Juan, ouvrant la route de Madrid.

Contexte : Guerre d'Espagne (1808 - 1814)

Prélude


14 octobre 1808. Dans sa berline qui le ramène de l'entrevue d'Erfurt, Napoléon prend connaissance des dernières nouvelles d'Espagne. Son frère Joseph, qui fait face à un vaste mouvement d'insurrection, a été chassé du trône et, malgré les quelques succès remportés par les maréchaux Ney et Lefebvre, la situation est critique. L'Empereur prend sa décision : il va intervenir en Espagne, reprendre Madrid et replacer son frère sur le trône.
Le 5 novembre 1808, à la tête de plus de 120 000 hommes, il arrive à Vitoria, de l'autre côté de la frontière espagnole. Aussitôt, il annule les ordres fantaisistes de Joseph, qui n'a aucune expérience dans le domaine de la stratégie, et rejoint le maréchal Soult qui vient de s'emparer de la ville de Burgos. Dans les jours qui suivent, Lannes, Victor et le Duc de Dalmatie bousculent les troupes ennemies des généraux Castanedos et Moore, ouvrant la route de Madrid.
Fin novembre, Napoléon arrive en vue du col de Somosierra. La position est déjà occupée par les troupes espagnoles du général Benito San Juan, bien décidé à empêcher les Français d'aller plus loin. Il a soigneusement positionné ses batteries le long de la route qui mène au sommet du col : deux canons sur chacun des trois premiers coudes et dix devant le village de Somosierra, à 1400 mètres d'altitude. S'il veut prendre Madrid, Napoléon n'a qu'une seule option : forcer le passage.
La bataille
Il est 9 heures du matin en ce 30 novembre 1808 lorsque les premières troupes françaises prennent position à l'entrée du col de la Somosierra. Il s'agit de la division d'infanterie du général Ruffin qui, couverte par l'artillerie de Sénarmont, se met aussitôt en marche vers le col à travers un épais brouillard. Bien vite, les soldats français se heurtent aux fantassins espagnols abrités derrière les rochers qui précèdent le défilé et, malgré l'arrivée de renforts, ils refluent vers la vallée. A 11 heures, Napoléon arrive sur les lieux, suivi de près par les 250 hommes du 3ème escadron du 1er Chevau-légers polonais du chef d'escadron Kozietulski. Constatant l'impuissance de son infanterie, l'Empereur dépêche le colonel Piré en reconnaissance pour savoir si l'on peut oui ou non passer outre les défenses espagnoles. C'est lorsque celui-ci retourne auprès de l'état-major impérial et déclare : "Sire, c'est impossible" que Napoléon prononce un mot resté célèbre : "Impossible ? Je ne connais pas ce mot-là !"
Sur ce, se tournant vers ses cavaliers polonais, il s'exclame : "Enlevez-moi ça au galop !". Comme un seul homme, les chevau-légers - qui ne prendront le nom de lanciers qu'à partir de 1809 - s'ébranlent et chargent une première fois les lignes espanoles. Mais ils ne tardent pas à faire demi-tour : pressés de montrer leur bravoure, ils sont partis sans prendre soin de s'espacer, faisant une cible de choix pour les artilleurs espagnols.


Le général Montbrun, un cavalier célèbre dans les rangs de la Grande Armée pour sa bravoure et qui devait mourir quatre ans plus tard devant les redoutes russes à la Moskowa, était alors en disgrâce suite à un acte d'indiscipline. Au retour des chevau-légers, il voit là une belle occasion de réparer sa faute et se porte volontaire pour diriger le deuxième assaut. L'Empereur y consent et, bientôt, organisés cette fois-ci en colonnes par quatre, les cavaliers polonais repartent pour une charge qui allait devenir légendaire.
Sitôt passé le pont de pierre qui marque l'entrée du col, Kozietulski, qui assure le commandement au plus près de l'action, lance son cheval au galop, bientôt suivi par l'ensemble de l'escadron, balayant les premières hésitations. Sa monture est tuée sous lui un peu plus loin, ce qui l'oblige à passer le commandement au capitaine Dziewanowski puis au lieutenant Niegolewski. Malgré les salves d'artillerie qui éclaircissent les rangs polonais, les chevau-légers sabrent les servants des canons et parviennent à traverser les lignes espagnoles, mettant en déroute les troupes de San Juan.


Après dix minutes de furieux combats, les renforts, constitués de trois autres escadrons de chevau-légers, des chasseurs à cheval de la Garde menés par l'Empereur lui-même et de la division Ruffin qui progresse des deux côtés du chemin, arrivent au sommet du col et repoussent un début de contre-offensive ennemie. Cette fois-ci, l'armée espagnole est bel et bien vaincue et quitte les lieux dans le désordre. Napoléon déclarera le lendemain à ses polonais : "Vous êtes dignes de ma Vieille Garde, je vous reconnais comme ma plus brave cavalerie". Quant au général San Juan, il sera fusillé en janvier 1809 au cours d'une mutinerie.
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