La bataille d'Austerlitz




Date : 2 décembre 1805
Belligérants : Grande Armée (73 000 hommes et 282 canons) - Russie et Autriche (86 000 hommes, 276 canons)
Généraux : Napoléon Ier - Général Koutousov, Tsar Alexandre Ier, Empereur François II du Saint-Empire
Vainqueur : Napoléon Ier
Pertes : 7 500 côté français - 35 000 côté Allié

Résumé : 2 décembre 1805. Napoléon fait croire aux coalisés qu'il refuse d'engager le combat et évacue la position stratégique du plateau de Pratzen, que les Russes s'empressent d'occuper. La bataille débute au petit-jour. L'Empereur tend un guet-apens à l'ennemi en l'incitant à attaquer le corps de Davout, retranché dans le village de Telnitz au Sud. Le Russe Buxhowden tombe tête baissée dans le piège, fait mouvement vers le Sud et lance l'assaut sur les troupes du maréchal. Le centre de l'armée austro-russe se trouve maintenant dégarni, ce qui permet à Soult de gravir les pentes du plateau, séparant ainsi les forces ennemies en trois groupes distincts.

Commence alors la seconde partie de la bataille : Soult va se diriger sur Telnitz de manière à prendre Buxhowden entre deux feux, tandis que Lannes et Murat chargent au Nord pour empêcher Bagration de se porter au secours de Buxhowden. La garde russe de Constantin s'essaie à une contre-attaque vigoureuse, mais elle est vite taillée en pièces par la cavalerie de la Garde Impériale. Buxhowden et Bagration sont bientôt écrasés; l'armée russe n'a plus d'autre choix que de s'avouer vaincue et de battre en retraite dans le plus grand désordre.


Prélude
Lorsque s'engage la Première campagne d'Autriche, Napoléon doit faire face à l'armée de 80 000 hommes du général Mack. Il faut vite s'en débarrasser, car il sait que les Russes pénètrent en Hongrie à l'Est de Vienne et il craint une entrée en guerre de la Prusse. Mack est durement éprouvé dans plusieurs combats mineurs, comme à Wertingen (8 octobre) ou Elchingen (14 octobre), et se retranche dans la ville d'Ulm. La Grande Armée fait bientôt le siège de la ville et l'oblige à capituler mi-octobre.
La voie est désormais libre pour Napoléon qui entre à Vienne le 14 novembre. Après deux jours passés dans la capitale autrichienne, l'armée française, forte de 70 000 hommes face aux 85 000 coalisés, se remet en marche vers Brünn en Moravie, non loin du plateau de Pratzen, et du village d'Austerlitz.
Le plan de Napoléon
L'objectif de l'Empereur est d'empêcher que l'armée russe du général Koutousov, probablement impressionné par le "coup de tonnerre d'Ulm", se replie vers l'Est en attendant des renforts. Il faut donc pousser les coalisés à chercher l'affrontement afin de leur asséner un coup fatal lors d'une grande bataille décisive; et pour cela, il faut leur faire croire que la Grande Armée est plus faible que jamais. Voilà le piège que Napoléon prépare aux austro-russes à la veille d'Austerlitz, piège qui consolidera considérablement l'aura d'invincibilité du "Dieu de la Guerre"...
Il ne reste qu'à envoyer des émissaires au Tsar pour simuler la faiblesse : l'espion Schulmeister rapporte aux coalisés que la Grande Armée, épuisée et démoralisée, est battue d'avance; le général Savary est envoyé pour proposer la paix à Alexandre Ier. Les souverains alliés ne tardent pas à se précipiter dans le piège et décident de lancer l'offensive, malgré les réticences de Koutousov, le chef - théorique - de l'armée russe, qui vient de se faire ravir son commandement par le Tsar.


Le 1er décembre, Napoléon stationne près d'Austerlitz. Davout et son 3ème corps viennent de le rejoindre après avoir parcouru 140 lieues en deux jours. Le plan de bataille de l'Empereur est déjà tout élaboré et prêt à être mis en oeuvre : laisser penser à l'ennemi qu'il est le maître de la situation en abandonnant la position stratégique du Pratzen, et en affaiblissant sa droite, où ne se trouve que le corps du futur Duc d'Auerstaedt. Les austro-russes, qui ne manqueront pas de remarquer les prétendues "erreurs" de l'Empereur, devraient se hâter d'occuper le plateau pour s'assurer d'un avantage incontestable. Ils entameront donc la bataille pleins de confiance, certains de leur supériorité; en sous-estimant leur ennemi, ils font le jeu du génial stratège qu'est Napoléon.
"Un général doit avant tout être un soldat", aime à répéter celui-ci. Aussi effectue-t-il lui-même une reconnaissance vers les positions russes dans la nuit du premier au 2 décembre. Mais il croise un groupe de cosaques tout heureux de tomber sur l'Empereur des Français et ravis à l'idée de le capturer. C'était sans compter sur l'escorte impériale qui contre-attaque avec vigueur et parvient à repousser l'assaut puis à éloigner son "petit caporal" des griffes de l'ennemi. C'est à ce moment-là que, rentrant au camp, l'Empereur butte sur un tronc d'arbre : les grenadiers qui l'environnent allument aussitôt leurs troches pour l'éclairer et l'aident à se relever. Ils sont spontanément imités par leurs camarades plus éloignés; bientôt, c'est tout le camp français qui s'illumine.
Les coalisés pensent alors que la Grande Armée est démoralisée au point de se considérer comme vaincue d'avance et de brûler son campement pour ne rien laisser à l'ennemi. Une fausse interprétation qui encourage le Tsar et son état-major, hormis Koutousov, à attaquer au petit jour, faisant le jeu de Napoléon.
La bataille


La bataille qui deviendra le plus célèbre affrontement de l'époque napoléonienne, avec Waterloo, commence aux environs de 7h 45, lorsque le russe Buxhowden et ses 30 000 hommes lancent un violent assaut contre Davout retranché au Sud, dans les villages de Telnitz et Sokolnitz. La stratégie de Napoléon repose en partie sur la résistance des 4 000 hommes du maréchal, qui doit fixer les unités ennemies ; il est donc rapidement renforcé par le général Oudinot, maréchal d'Empire en 1809, et quatre bataillons.
Dans un second temps, l'armée française passe à la contre-offensive : Koutousov vient d'esquisser un mouvement vers le Sud pour débloquer la situation, rendant ainsi son flanc vulnérable.
A 9 heures, la division Saint-Hilaire, rattachée au corps de Soult, gravit les pentes du plateau de Pratzen et attaque les Russes qui ne tardent pas à céder et à s'enfuir. Au Nord, les coalisés sont au plus mal. Ils tentent de se porter au secours de Koutousov mais leur cavalerie est écrasée par Lannes, Murat et Kellermann (fils) tandis que les batteries françaises se déchaînent et pilonnent le centre russe au rythme de trois coups par minute...


L'ennemi est maintenant coupé et séparé en trois corps différents : Bagration au Nord, Koutousov au centre, Buxhowden toujours aux prises avec Davout, au Sud. La première partie de la bataille d'Austerlitz est terminée, et l'avantage est donné à la Grande Armée qui vient de triompher au Nord et au centre. C'est alors que Napoléon, à une vitesse fulgurante, change ses plans, et envoie le corps de Soult renforcer la droite française et prendre Buxhowden à revers. Tandis que Bernadotte prend place au centre pour combler le vide laissé par Soult dans la ligne de front, la prestigieuse cavalerie russe des Chevaliers-Gardes de Constantin charge à bride abattue contre les troupes françaises. Napoléon n'en espérait pas moins de son adversaire. Les mamelouks du général Rapp et les hommes du maréchal Bessières répondent aussitôt et anéantisent dans un élan spectaculaire les Russes du prince Repnine.
Au Nord, Bagration se replie vers Olmütz devant la violence des assauts de Murat et Lannes. Soult peut maintenant s'emparer pleinement du plateau de Pratzen, avant de consolider l'offensive sur les troupes de Buxhowden, maintenant écrasé entre deux feux. Le Russe est taillé en pièces, même s'il a cru jusqu'au bout à la victoire - il vient de désobéir à Koutousov qui lui ordonnait de se replier. Ses hommes sont repoussés sans ménagement vers les étangs gelés de Satschan et Moenitz, au Sud, par les corps de Davout et Soult.
Voilà un nouvel épisode fameux de la "bataille des trois empereurs" : les fuyards s'engagent sur la glace, brisée par les artilleurs de la Grande Armée, noyant les quelques "chanceux" qui auraient échappé aux projectiles. La propagande impériale n'est pas demeurée en reste quant aux récits de cet évènement (voir "Le saviez-vous ?") ...
La victoire de Napoléon - sa quarantième depuis la campagne d'Italie - est un désastre pour le Tsar et l'empereur d'Autriche. Ce dernier doit accepter l'armistice et, le 26 décembre, il signe la paix de Presbourg, qui met fin à la troisième coalition.


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